Ce 29 janvier 2018, plus de 7000 participants ont assisté partout en France et à l’étranger à cette troisième soirée de l’Université de la Vie ! Médecins, philosophes, experts membres de VITA et grands témoins se sont exprimés sur le thème “ Se donner le temps” afin d’apporter un regard éthique sur le temps de la vie, de la mort, de la maladie, de l’urgence ou de la réflexion.

Caroline Roux, directrice de VITA international, a ouvert la soirée sur le thème “le temps et la vie”. La vie humaine évolue dans un temps compté ; le temps construit une identité, une relation. Priver des enfants de leur généalogie par la PMA ou congeler des ovocytes par convenance provoque une rupture dans le continuum entre relation et temps. Le basculement qui s’annonce avec les revendications de PMA hors infertilité médicale, ouvre à un “droit à l’enfant” et au marché de la procréation, qu’il soit ultralibéral ou sous contrôle de l’état. La procréation artificielle ne devrait pas être la réponse systématique aux problèmes d’infertilité : Alliance Vita encourage donc à s’interroger sur les causes de l’infertilité et les solutions médicales et sociétales à apporter

Puis, le philosophe Martin Steffens a mené une réflexion sur le temps de la mort. Quand on pense à la mort, la vie apparaît souvent comme une perte continue. Or, la vie est d’abord un temps reçu : par elle, on prend forme, on prend force ; en elle, on “prend” femme, mari, travail, décisions et engagements. Puis, la vie est un temps donné : on donne de son temps, on donne la vie… Le temps perçu de l’intérieur est finalement un don reçu et à faire. La vie de l’homme vivant commence par un grand et beau ” Me voici ! “. Elle finit par un non moins beau : ” Après vous ! “.

L’intervention suivante, un décodeur bioéthique sur le temps de la réflexion, a été donnée par Xavier Mirabel, Médecin cancérologue et conseiller médical d’Alliance Vita. “Pour bien agir il faut agir à propos” a-t-il commencé en citant Montaigne. De même, pour bien soigner, il faut être au bon tempo. En effet, en médecine, l’importance du temps est cruciale que ce soit pour les soignants ou les soignés. Pour les personnes soignées, le temps passe trop vite. Pour les souffrants, le temps peut paraître trop long… Finalement, vivre au jour le jour est une des clés de la fin de vie. Médecine et éthique sont un art du temps quand il s’agit de donner et de se donner.

La soirée s’est ensuite poursuivie par le témoignage de Philippe Pozzo di Borgo, homme tétraplégique ayant inspiré le film Intouchables : « Vous croyez exister parce que vous courez ; je crois qu’on peut passer sa vie à courir et rater sa vie. » Ses 25 ans d’immobilité lui ont donné l’occasion de réfléchir sur son rapport au temps. Il constate que le silence de l’immobilité est en fait un facteur de relation. Cultiver le silence et l’immobilité donne la conscience du temps qui passe, la précieuse conscience d’exister, qui permet de donner du sens à la vie. Il nous donne donc une recette : trouver quinze minutes de silence par jour, pour vivre plus intensément.

Pour conclure la soirée, Tugdual Derville a parlé de l’urgence du temps long. Pour travailler sur le long terme, il faut prendre du recul par rapport à la frénésie de l’information et du débat médiatique ou politique. Ainsi, Tugdual Derville a proposé six principes d’action à décliner : Repérer les mutations qui peuvent être brutales, surprenantes, ou plus lentes et insidieuses. Savoir décrypter les débats, les affaires médiatisées. Lancer des alertes, avoir un coup d’avance, repérer les évolutions des courants de pensée pour donner des perspectives. Investir les lieux de pensée ; nous ne devons pas déserter les lieux ou la pensée s’élabore, mais nous y impliquer. Tenir dans le temps, rien n’est joué d’avance. Enfin, s’enraciner, s’engager auprès des personnes qui souffrent, pour expérimenter nos convictions dans le réel et ne pas rester dans l’idéologie, et être ainsi indéracinable.